Alexeï Vassiliev nous laisse seuls face à un monde secret : la réalité.
Celle qui s'impose à lui et dont il ne se veut pas le simple spectateur. Il est le témoin du désarroi existentiel qu’expriment en silence tous ces personnages que surprend son objectif, nos contemporains égarés dans ce vingt et unième siècle naissant, cloîtrés dans la solitude, harcelés par le vide, exténués physiquement et moralement, tentés par la résistance, menacés par la dépression, toujours au bord du gouffre et si humblement tragiques. Peintre, il entrerait en dialogue avec ses pairs pour évoquer un univers tantôt pavoisé de couleurs vives, tantôt plongé dans une pénombre crépusculaire, toujours baigné d’une lumière indéfinissable. Musicien, il se laisserait emporter par l'envie irrésistible d’improviser, d’aller chercher aux confins de l’abstraction des images musicales. Metteur en scène, s'imposerait à lui l’idée de scènes de théâtre où se joueraient d’étranges pièces muettes, au nombre infini d’actes et de personnages. Sculpteur, il capterait la part de définitif qui se cache toujours au cœur de l’éphémère, et nous livre un univers hors du temps, ou plutôt, réunit passé, présent et futur dans un unique instant.
Curieusement *, Alexeï Vassiliev est photographe…

B.D.

*Curieusement :
Avec soin, précieusement.
Avec habilité, avec une rare délicatesse d'exécution.
Avec indiscrétion. (Larousse)